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導引Dao Yin
6 juillet 2009

Le livre de John Blofeld Taoïsme : la quête de

Le livre de John Blofeld Taoïsme : la quête de l’immortalité, paru en 1982 aux éditions Dangles, est aujourd’hui un peu daté. Il contient globalement des informations intéressantes sur l’histoire du taoïsme, sur la philosophie, la poésie, les légendes. La partie la moins convaincante concerne l’alchimie interne (neidan), appelé « yoga » par l’auteur. Tout cela est brouillon et manque, on le sent de pratique vécue. C’est la vision d’un lettré.

En fin d’ouvrage, l’auteur parle de ses contacts avec des taoïstes du mont Hua Shan en 1935, cela avant que la vague rouge communiste ne détruise les lieux et chasse ses occupants. Ici, il s’agit d’une communauté de cinq reclus. Lever à l’aube, petit déjeuner, étude, qi gong ou méditation, ou bien visite à leur maître. Déjeuner copieux, après-midi dehors à jardiner ou cueillir des simples dans la montagne, pratique du taiji quan. Si le temps est mauvais : peinture, calligraphie ou poésie, jeu de go, préparation de charmes. Soir et nuir : qi gong, méditation.

Quelques extraits :

« ... je lui ai demandé comment il s’arrangeait pour trouver le temps de peindre étant donné ses multiples pratiques spirituelles ?

«  Où pourrait-il y avoir conflit ? Tout ce que nous faisons est une manière de cultiver la Voie. Pour ce qui est du yoga et de la méditation, nous leur consacrons une ou deux heures au lever du jour et tard le soir. En fait, il n’y a pas de règles, donc pas d’infraction et pas non plus de motif d’insatisfaction. Il faut arriver à sentir quel est le moment favorable pour faire une chose ou une autre et la faire en accord avec la Voie. Il faut apprendre, comment dire ? Apprendre à être !

« Malgré leurs antécédents très peu en rapport avec la spiritualité, tous les cinq étaient des adeptes convaincus de la Voie. Vivant dans un lieu très reculé et consacrant plusieurs heures par jour à l’étude et à la contemplation, ils étaient complètement détachés du monde de poussière et aussi gais qu’une bande d’étudiants, dont ils avaient quelque peu la propension à l’humour malicieux.[] A vrai dire, aucun des cinq n’avait de culture au sens moderne du terme. [] Cet état de choses était courant dans les monastères taoïstes, un point dont les détracteurs du taoïsme n’ont souvent pas tenu compte, pour qui les études secondaires ou universitaires comptaient beaucoup. Les reclus étaient ignorants dans tous les domaines, sauf ceux en rapport avec la culture de la Voie. Tous connaissaient à fond la philosophie de Lao et de Tchouang, les théories de sages comme Wei Po-yang ou Ko Hung, de même que les poèmes et les essais écrits par les fervents de la solitude des montagnes. Même quand ils plaisantaient ou parlaient de choses banales, leurs mots trahissaient leur savoir. Leurs attitudes et leur tournure d’esprit dénotaient ce que les Chinois entendent par un passé « au parfum de livres ».

« Le corps humain est comparable à une fleur. Une fleur naît puis croît, embaume, se fane et meurt. [] Il est bon que les choses meurent une fois usées, ce n’est pas une perte. La vie est immortelle, elle ne croît pas avec la naissance ni ne diminue avec la mort. Quand un objet est usé, on le jette, la nature abondante pourvoiera à son remplacement. Vous comprenez ? Vous ne pouvez pas mourir, parce que vous n’avez jamais été en vie. La vie ne meurt pas, parce qu’elle n’a ni commencement ni fin. Atteindre l’immortalité, cela signifie cesser de s’identifier à des ombres et reconnaître que le seul « vous » qui soit s’appelle vie éternelle.

L’auteur clôt ainsi son chapitre : «  Dans la Chine d’aujourd’hui, le désir de solitude et de quiétude est une chose tout à fait impossible à satisfaire. Sans doute est-ce même un crime ! »

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